Fruits d'été La mirabelle de Lorraine ne connaît pas la crise
La météo aidant, la mirabelle de Lorraine devrait cette année encore tirer son épingle du jeu dans un marché des fruits en crise, en misant sur sa notoriété, sa saisonnalité et l'inventivité de ses producteurs.
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La cueillette des mirabelles a commencé cette semaine, pour un mois et demi sur les 1.500 hectares de vergers en Meuse, dans les Vosges et en Meurthe-et-Moselle. La saison 2005 devrait voir engranger quelque 8.000 tonnes de fruits. C'est certes moitié moins que l'année passée --car les bonnes récoltes se font une année sur deux sur le mirabellier-- mais au double du prix à Rungis (2 euros le kilo pour le fruit de bouche, contre 1,20 euro en 2004).
Moribonde il y a vingt ans, la mirabelle de Lorraine a reconquis le public notamment avec la création en 1996 de sa marque, une Indication géographique protégée (IGP), dont bénéficie aussi le melon du Haut-Poitou ou la clémentine de Corse et qui impose des contraintes de qualité liées au terroir.
"Si on ne s'était pas organisé, la mirabelle n'existerait plus", résume Philippe Daniel, producteur et président de l'association "Mirabelles de Lorraine" ainsi que de l'union de coopérative Vega Fruits, qui regroupe près des deux tiers de la production lorraine. "La mirabelle est devenue un produit haut de gamme et sa saisonnalité est un avantage. Il n'y a pas de lassitude sur la mirabelle", précise Bruno Collin, directeur commercial de Véga Fruits et producteur.
Le label "Mirabelles de Lorraine" exige et garantit un sol argileux à 30%, une cueillette manuelle pour le fruit de table, un calibre minimum de 22 millimètres, un taux de sucre de 16 degrés Brix et une couleur jaune d'or, le tout vérifié quotidiennement dans le laboratoire-qualité de l'association à Saint-Nicolas-de-Port, près de Nancy.
L'essentiel de la production (70%) va aux transformateurs pour le confisage, les confitures, les pâtisseries, les yaourts. Quelque 30% de cette quantité part même à l'exportation en Suisse, Belgique ou Allemagne, la production lorraine représentant 70% de la production européenne de mirabelles. 25% de la récolte va directement sur la table du consommateur en "fruits de bouche" et les 5% restant partent en distillation.
Dernière trouvaille des producteurs de Véga Fruits pour développer un nouveau marché et allonger la vie de la mirabelle : une chaîne de surgélation. L'idée leur est venue lors d'un voyage aux Etats-Unis après avoir visité des producteurs de cerises de Montmorency dans le Michigan qui congelaient avec succès 70% de leurs 140.000 tonnes de production annuelle. En 2003, Véga Fruits a investi 2 millions d'euros dans un outil de congélation sur mesure qui en huit minutes, dénoyaute, découpe les fruits en "oreillons" et les saisit à -25 degrés.
"La mirabelle a ainsi pu toucher le marché du surgelé, celui du yaourt et, on l'espère pour bientôt, celui du baby-food", explique le directeur commercial. Même les noyaux sont revendus à un horticulteur qui les utilise en bois de chauffage pour ses serres. L'amandon, à l'intérieur du noyau, sera bientôt concassé pour fabriquer des huiles essentielles, assure le président de Véga Fruits.
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